Salon privé: la représentante du Vatican.

Karl Mill entra dans un grand salon. Il s'agissait d'une pièce luxueusement décorée. Trois canapés de cuir blanc formaient un carré de conversation autour d'une table basse en verre. D'immenses tableaux ornaient les murs neige et trois lustres de cristal offraient une lumière apaisante.
Le Vice-amiral alla jusqu'à un bar en cerisier, sortant deux verres à pied. Avec un sourire toujours aussi charmant, il demanda:

_ Désirez-vous une boisson? Il est bien plus convenable de parler autour d'un verre... Enfin... peut-être que les usages de la place du Vatican vous l'interdise...

Il soupira doucement, passant ses mains fines dans sa chevelure ébène.

_ Bien... que puis-je faire réellement pour vous?

Assylia apprécia le luxe sobre de la pièce, elle détestait tout ce qui était tape à l'oeil.

Elle s'installa sans un mot dans un canapé, replaçant sa capeline de velours brun afin qu'elle tombe bien et recouvre ses jambes, puis elle joignit ses mains et les posa d'un geste lent et serein.

A la question de l'amiral, elle esquissa un sourire gêné:

"Je vous remercie vice-amiral Mill, mais je viens déjà de boire un verre de Xeres offert par l'amiral Faren et mon corps ne saurait certainement en tolérer plus sans que mes paroles perdent toute cohérence...

D'autant que je me suis présentée à vous directement à mon arrivée et ne saurait nier la fatigue liée au voyage. Mais je vous en prie, servez vous."

Elle attendit alors que Mill se soit servi et installé auprès d'elle en l'observant...

*Tape à l'oeil et ostentatoire... Si le lieu ne l'est pas, ce Mill ne semble pas fait du même bois... Reste à voir s'il est charmeur ou charmant...*

Assylia se méfiait des hommes qui faisaient bonne impression, elle connaissait trop les ficelles et les rêts du charisme pour s'y laisser prendre... De fait, un homme charismatique et aimable devait redoubler d'efforts pour gagner sa confiance.

Une fois Mill installé, elle se racla doucement la gorge pour éclaircir sa voix et répondit d'un ton doux et posé:

"Voyez vous vice-amiral, le but de ma visite initiale était principalement de me présenter... Toutefois, puisque vous m'en offrez déjà l'opportunité, j'aurais une ou deux questions ou requêtes...

Tout d'abord, je souhaitais connaître les médias de la station... Maintenant que l'embarquement est terminé, je suis persuadée que la population se sent un peu désorientée et se questionne sur son avenir... Je pense qu'une simple allocution rassurante et optimiste d'une personne en qui nos concitoyens ont confiance devrait apporter la sérénité nécessaire aux premières opérations d'Utopia 1.

Ensuite, mais il est peut-être tôt pour aborder le sujet, je comptais vous demander ce qu'il était prévu pour la représentation des habitants d'Utopia... J'entends par là... Des élections sont elles prévues ou ont-elles seulement été envisagées ?... Je ne vous apprendrai pas que l'on ne dirige pas un vaisseau habité par des civils rompus à la démocratie comme l'on commande une frégate militaire, à moins d'être un fou qui cherche soit à trouver refuge dans la tyranie, soit à se diriger yeux fermés vers le chaos..."

Elle fit une petite pose, plongeant ses grands yeux noirs dans ceux de Mill avant d'ajouter dans un souffle troublant:

"Et quelquechose me dit que vous n'êtes pas ce genre de fou,... vice amiral."

Elle conclu par un discret sourire entendu.

Hochant la tête, le Vice-amiral remplit un verre d'un liquide carmin avant de s'assoir sur le sofa opposé. Il croisa doucement ses jambes, faisant frotter doucement le tissu contre le cuir neuf. Il écouta attentivement les paroles d'Assylia comme hypnotisé par tant de beauté et de grâce. Elle était vraiment trés belle, il ne pouvait le nier mais il savait surtout qu'il s'agissait de la louve de Rome. Il posa son verre plein sur la table, faisant chanter le cristal de celui-ci.

_ Je suis à présent rassuré... Vous êtes bien comme je l'imaginais...

Il fit un petit sourire gentil à la porte-parole.

_ En ce qui concerne les médias, votre iniative ne peut que me plaire... Il est vrai que la population se sent de plus en plus délaissée. Et vous savez qu'à la fin cela ne débouchera que sur des conflits... disons d'intérêts... Quoiqu'il en soit, je vous ferais conduire aux salles de transmission. En tant que voix du Vatican, je suis certain que votre prestation sera bien plus satisfaisante que n'importe quelle autre action de la part de l'Etat Major.

Il reprit son verre et but quelques gorgés. C'est à cet instant qu'une femme entra dans la pièce. Il s'agissait de la secrétaire personnelle du Vice-amiral, habillée d'un ensemble noir. Elle portait quelques dossiers dans ses bras ainsi qu'une petite malette. Elle s'installa sans un bruit à un bureau du salon, attendant que la discution soit terminée.
Karl la salua d'un petit signe de la main avant de reprendre la conversation avec un ton tout aussi charmant.

_ En ce qui concerne cette question, il semblerait que l'Amiral ne soit pas enclin à partager son pouvoir sur Utopia 1. Et sachant qu'il possède l'armée et les scientifiques à sa botte, il est tout de même difficile de remettre en question ses prérogatives... Qu'en pensez-vous?

On pouvait voir un éclat de malice dans son regard.

Assylia restait figée dans son assise, telle une parfaite statue de marbre, gardant pour seuls témoins de la vie son visage expressif et sa lente respiration. Tout juste s'était-elle fendue d'un signe de la tête pour saluer l'arrivée de la secrétaire de son interlocuteur, sans y prêter plus d'attention.

Les mouvements involontaires du corps expriment énormément de choses, aussi la jeune diplomate s'était elle entraînée à parfaitement contrôler le moindre de ses gestes tout comme les attitudes de son visage de sortes que ne transparaisse que les émotions qu'elle avait sciemment décidé de transmettre à son auditoire... Et face à Mill, elle ne voulait pour l'instant rien laisser paraître avant de l'avoir partiellement cerné.

*Déjà une invitation à un putch ?... Allons donc, cela me semble trop grossier pour ne pas être un test...*

Elle prit un air songeur après les derniers mots du vice amiral, laissant glisser son regard dans le vague.

Puis elle fixa à nouveau Mill dans les yeux avant de reprendre:

"Je suis à la disposition du haut commandement de ce vaisseau et n'hésiterai pas à faire de mon mieux pour aider à maintenir la paix à bord... Paix, que chacun sait indispensable au bon déroulement de la mission Utopia.

Aussi serai-je prête d'ici moins de deux heures à prendre la parole sur les médias de ce vaisseau... Juste le temps de prendre possession de mes quartiers et de me préparer.

Toutefois, si je puis dissiper les craintes momentanément, jamais une allocution seule ne saurait résoudre durablement un problème de fond... Et bien que l'idée de porter un jugement sur les méthodes de direction de l'amiral Faren ne saurait m'effleurer, tout ce que je sais, c'est que le peuple aspire à la démocratie... Qu'il n'y a pas de pouvoir sans le soutient du peuple et penser le contraire est un leurre...

A moins de penser à réprimer les désirs de liberté d'une population dans la violence, mais j'avais cru comprendre qu'Utopia était une mission pour la vie... Aussi suis-je assurée qu'il n'en sera rien ici.

Je souhaitais finalement simplement vous signaler, à vous, à l'amiral Faren comme à tout le reste de la chaîne de commandement, que si je suis prête à incarner la voix qui transmet vos décisions ainsi que vos oreilles pour vous faire connaître les désirs des habitants du vaisseau, vous n'en tirerez bénéfice QUE si les désirs exprimés par la population sont pris en compte dans vos décisions et si la population le ressent et le sait.

Soyez assuré qu'en cas contraire, de beaux discours ne sauraient longtemps suffire à maintenir le calme et qu'une guerre civile, rebellion, mutinerie ou quelque soit le nom que vous souhaitiez lui donner ne tarderait pas à exploser, menant soit à une redistribution des responsabilités, soit au fiasco de la mission Utopia.

Cela, ni vous, ni moi, ni Faren ne le souhaitons... Bien entendu... Aussi suis-je persuadée que quel que soit celui qui conserve... les clefs du vaisseaux.. il aura la sagesse d'écouter ce que la population a à dire.

Pour ma part, je ne fait ensuite que souligner que la meilleure façon de déchiffrer ce que la population peut bien avoir à vous dire est de lui demander de désigner un représentant... Cela possède un double avantage...

Comme je l'ai dit, celui d'avoir un déchiffrage des souhaits de ceux sans qui rien n'est possible afin de pouvoir en tenir compte...

Mais également, celui non négligeable de nourrir la légitime soif de liberté et de démocratie du peuple."

Assylia fit un petit sourire et se laissa imperceptiblement aller en arrière pour s'appuyer dans les coussins du canapé, semblant ainsi plus détendue...

"Pour mieux répondre à votre question, Vice Amiral, il ne me viendrait pas à l'idée de remettre en question les prérogatives de l'Amiral ou même les votres... Je ne suis là que pour vous aider à prendre les bonnes décisions et à identifier les limites de ces prérogatives."

Elle baissa alors légèrement la tête, tendit les mains paumes vers le ciel en signe de dévotion pour montrer qu'elle se tenait au service de Mill...
Puis, joignant à nouveau ses mains, elle conclu:

"Libre à vous et à l'Amiral Faren de profiter ou non de mes services, il sont grâcieusement offerts."

Yukimura adorait se restaurant et ses salons, il venait ici assez souvent et observait les clients présents. Qu'elle ne fut pas sa surprise d'apercevoir assylia en pleine reflexion. Il s'approcha d'eux et glissa :

- Puis je me joindre a vous?

Yukimura, ce topic est fermé, on ne peut donc plus poster.

De plus, le vice amiral est porté disparu.



J'effacerais ces deux derniers messages dans quelques temps.