Bureau de l'Amiral Faren

Faren, qui était derrière son bureau, sous les piles de dossiers, lança :

Oui, entrez.

Puis, sans regarder la personne qui était entrée dans son bureau, toujours absorbé par la lecture d'un énorme pavé :

Dépêchez-vous, j'ai beaucoup de choses à faire.

Ah ! c'est vous !

Eh bien... Hum...

Cet homme qui aime énormément la médiatisation, en fait beaucoup trop pour moi.

De plus... Comment dire, il est à la tête de la société Bullis, et c'est cette société qui a été concurrente avec la société de mon père.
Ces deux sociétés se battaient pour avoir le monopole des dômes à construire, et c'est Nicos qui l'a enfin eu. Il a donc réussit à nous ruiner, ce qui a fini par pousser mon père au suicide...

Il chuchota, et se rapprocha de l'oreille de Weolyn :

Et là, j'ai l'occasion d'en finir avec lui, de me venger !
La police, c'est vous Weolyn, nous avons donc un contrôle immense sur ce vaisseau, donc faîtes en sorte qu'il disparaisse !

Vous pourrez effectuer vos inspections dans peu de temps, mais vous pouvez toujours aller demander à l'astroport, aux recenseurs pour avoir leur estimation temporelle.

Merci de m'avoir écouté, vous pouvez disposer.

Après quelques explications concernant le vaisseau, la femme qui devait amener la délégation de Assylia Borgia s'arrêta devant une porte.
Celle-ci avait une petite plaque dorée sur laquelle une inscription était gravée : "Bureau de l'Amiral Faren".


Je vous laisse ici, si jamais vous avez des questions particulière, n'hésitez pas à repasser me voir.

Puis elle reprit la direction de l'astroport, laissant la délégation de Assylia Borgia devant la porte du bureau de l'Amiral.

Assylia avait suivit la jeune femme du bureau N°10 dans les longs couloirs en acier des ponts inférieurs.

Bien qu'une vie naissante commençait à émerger avec l'arrivée et l'installation de nombreux colons, l'endroit demeurait particulièrement froid pour qui n'avait jamais quitté le sol terrestre... Tellement froid et silencieux... Un frisson d'inquiétude parcouru un instant l'échine de la jeune femme.

*Mère... Si tu pouvais être auprès de moi pour me donner la chaleur et le courrage dont je vais avoir besoin ici !*

Au détour d'un couloir, Assylia jeta un regard au travers du hublot, comme pour se rassurer, la terre était toujours là... Etrangement, alors qu'elle savait que sa seule chance de salut résidait dans le programme Utopia et que tout ceux laissés sur terre étaient condamnés à plus ou moins long terme à une mort inéluctable, Assylia ne pouvait s'empêcher de regretter la douce tranquilité d'un environnement certes vicié mais connu.
La peur de l'inconnu commençait à l'angoisser... Réussirait-elle ici à concrétiser l'ascension politique qu'elle avait eue sur terre ?... Conserverait-elle un statut aussi élevé et un même accès au pouvoir et aux responsabilités ?... Plus pragmatiquement, réussirait-elle à se reconstruire et à retrouver un jour, des moments de bonheur tels qu'elle en avait connus pendant son adolescence et qui lui étaient depuis devenus inaccessibles...

*Heureuse dans ce géant de métal... Pourquoi pas ?!... En tout cas, ce ne sera pas plus difficile que sur une planète mourrante.*

Assylia passa sa main sur ses yeux, comme pour effacer toutes ces pensées de doutes, les balayer d'un revers de la main comme elle s'employait à le faire depuis de nombreuses années pour se concentrer sur le moment présent et sur ses objectifs.

Les deux femmes avaient bien avancé, elles étaient désormais dans les quartiers des scientifiques. L'employée du bureau N°10 stoppa devant une porte et se tourna vers Assylia:

"Nous voici arrivées Mademoiselle, l'amiral Faren vous attend dans son bureau, il a du être prévenu de votre visite."

Assylia fit un signe de tête humble en guise de remerciement et s'apprêta à frapper à la porte. Réalisant qu'elle était restée perdue dans ses pensées pendant toute la traversée des ponts inférieurs sans prononcer un mot, elle arrêta son mouvement pour dire dans un murmure emprunt de confusion:

"Je vous remercie pour votre amabilité mademoiselle, je n'aurais jamais trouvé ce bureau sans votre aide généreuse... Je vous pries également d'accepter mes excuses pour la piètre compagnie que fut la mienne, je crois que je suis encore sous le coup de la fatigue du voyage et un peu déboussolée par le gigantisme de ce vaisseau."

Elle frappa ensuite à la porte du bureau de l'amiral, de trois petits coups secs.

On entendit un grognement à travers la porte de métal.

Puis un second bruit provenant de la chaise de son bureau que Faren déplaça vivement pour ensuite s'avancer vers la porte.

Il tendit son bras pour passer devant la cellule qui ouvrit subitement la porte de métal qui séparait les deux personnages.

Faren changea complètement d'attitude lorsqu'il aperçu une ravissante jeune femme postée devant lui.

Il sourit puis invita Assylia Borgia à entrer dans son bureau.

Je vous en prie, entrez, entrez.

Après lui avoir indiquer une petit fauteuil bien douillet dans un coin de la pièce, il s'assit dans un autre à proximité et commença à sortir quelques alcools de choix.

Je peux vous servir un petit verre ?

Puis, sans attendre sa réponse, il enchaina :

J'ai beaucoup entendu parler de vous sur terre, vous êtes très apprécié à ce que j'ai pu voir...

Je crois vous avoir déjà vu quelque part... Ce n'est pas vous qui faisiez parti des rédacteurs privilégiés des listes des futurs occupants de Utopia 1 ?

A l'ouverture du sas, Assylia fit un pas en arrière, puis observa l'amiral. C'était un homme charismatique d'une bonne soixantaine d'années... Sans doutes aurait-elle préféré un jeune casanova certainement plus facile à manoeuvrer, mais elle avait l'habitude de cotoyer de rudes hommes d'église et s'appuyerait sur cette expérience dans ses rapports avec l'amiral.

Elle joignit ses mains au niveau de sa poitrine et s'inclina légèrement en un salut respectueux en plongeant ses grands yeux sombres dans ceux de Faren.

Puis, obéissant à l'injonction de l'amiral, elle entra et s'installa en silence sur la chaise qu'il lui présentait.

*C'est cela oui... Prenez bien soin de moi, je suis une frêle jeune femme...*

Elle laissa alors l'amiral entamer la conversation, se contentant de l'observer... Puis elle répondit:

"Avec plaisir Amiral Lithyba, je prendrais bien un peu de ce Xérès... Laissez moi tout d'abord vous remercier pour la promptitude et la qualité de votre accueil, il est bon de se savoir sous la responsabilité d'un homme de votre qualité."

Elle laissa s'installer un instant de silence alors que Faren lui servait un verre de Xérès, leva timidement la main pour lui signifier qu'il était amplement assez rempli à son goût puis se saisit du verre.

Elle le porta à ses lèvres, quasi religieusement comme un prêtre lèverait le calice lors de la communion et but une petite gorgée.

Toujours silencieusement, elle déposa alors son verre sur le bureau puis enleva délicatement sa capuche de velours, dévoilant ainsi son épaisse chevelure brune et soyeuse.

Tout ses gestes étaient particulièrement calmes, doux, mesurés. Elle savait dégager ainsi un intense et troublant sentiment de sérénité à ses interlocuteurs.

Elle leva alors la tête vers l'amiral et reprit:

"J'ai effectivement, Amiral, le bonheur de recueillir l'assentiment de mes concitoyens sur la majorité de mes prises de position ou de mes décisions... J'ai cette chance car je suis au service du peuple et ne suis que son humble représentante, mais ma renomée sur terre ou ici est bien loin de seulement effleurer la votre, celle de celui qui fit qu'Utopia devint possible et concrétisa le rêve de survie de toute une planète...

Vous avez raison, nous nous sommes déjà croisés... Vous avez une excellente mémoire Amiral, j'étais en effet désignée par la Papauté pour l'établissement de la liste de mes concitoyens qui auraient l'immense privilège de venir sur votre vaisseau.

Je puis vous garantir que l'élite de la Papauté oeuvrera de son mieux pour la réussite du projet Utopia... J'y veillerai, soyez en certain."

Assylia laissa s'installer un nouveau temps de silence alors qu'elle portait à nouveau son verre à ses lèvres.
Elle reprit ensuite dans un sourire timide:

"Parfaitement divin ce breuvage Amiral... Il semble que vous soyez en plus un homme de goût !..."

Elle reposa son verre sur le bureau et plongea son regard dans celui de son interlocuteur:

"Puis-je me permettre de vous demander où en sont les admissions sur Utopia et comment tout cela se présente ?... J'aimerais également en savoir un peu plus sur la chaine de commandement du vaisseau afin de savoir vers qui me tourner lorsqu'il me serra nécessaire de parler pour et au nom de mes concitoyens."

L’intercom se émit un signal, et la voix de la secrétaire se fit entendre :

Amiral Faren, il y a un Sergent qui voudrais vous voir, il est porteur d’un dossier urgent de la part du Général Weolyn, et attends une réponse.

Etrangement l'amiral venait de quitter son bureau sans même avertir sa secrétaire. Il semblait être énervé et n'avait même pas terminer ses consultations.

Je suis ici, Agrael.

Il put voir sortir l'Amiral de l'ombre d'une petite pièce annexe...

Je ne vous permet pas de vous assoir, levez vous !

J'ai entendu dire que deux réacteurs semblaient défectueux.

Je suis extrêmement mécontent d'apprendre ceci par une autre personne que vous, qui êtes quand même censé contrôler la partie technique...


Il faisait les cents pas autour de son bureau lorsqu'il s'exprimait.

Lorsqu'il eut fini, il s'arrêta net devant Agrael, le regardant droit dans les yeux.

Faren ré-ouvrit la porte derrière agrael et lança d'un ton sévère :

Encore un incident de ce genre, Mr agrael, et vous perdez votre poste !!

Alors que la représentante de la papauté parlait avec l'Amiral, le sas s'ouvrit sur Karl Mill. C'était un jeune homme charismatique, un doux sourire sur les lèvres. Lorsqu'il franchit la porte, Faren s'assombrit et dit d'une voix sifflante:

_ Je suis désolé mais j'ai énormément de travail. Le Vice-Amiral prendra toutes les dispositions pour satisfaire votre curiosité.

Puis, d'un pas pressé, il sortit de son bureau. Karl Mill, quant à lui restait de marbre devant cette réaction. Il s'approcha de la représentante de la papauté et demanda.

_ Que puis-je faire pour vous?

Assylia resta stoïque face au départ aussi précipité qu'inattendu de l'amiral... Du moins, en apparence...

*Quel mufle ! Mais pour qui il se prend celui-là... Tu l'emporteras pas au paradis, foi d'Assylia !*

Elle détourna alors son regard sur Karl Mill... Celui-ci était fort agréable à regarder dailleurs, elle ne perdait pas réellement au change.

*Hum... Voilà un bellâtre... Montrons nous naïve avec une légère touche de timidité voir un petit côté groupie si besoin, cela devrait suffire...*

Assylia reteint un instant sa respiration, juste assez longtemps pour donner à ses joues de nacre un léger teint rose que les mâles prenaient systématiquement et avec un tel manque d'humilité pour un rougissement de trouble et de confusion...
Elle baissa légèrement la tête, pour aider le vice-amiral à asseoir son sentiment de supériorité et le regarda en écarquillant ses deux grands yeux en un regard mi admiratif mi appeuré...

Elle déposa alors timidement son verre sur le bord du bureau, manquant de peu de le renverser d'un geste maladroit puis elle prit une grande respiration pour se donner du courage avant de répondre:

"Am.. Heu, Vice-Amiral Mill, bonjour, et... merci de bien vouloir répondre à mes questions...

Je ne voudrais abuser du temps de personne, je demandais en fait simplement à l'amiral Faren s'il pouvait me faire savoir comment se déroulaient les admissions sur Utopia, enfin... si tout se passait bien...

Et je souhaitais également en apprendre un peu plus sur la chaine de commandement du vaisseau afin de savoir vers qui me tourner lorsqu'il me serrait nécessaire de parler pour et au nom de mes concitoyens."

Assylia reteint alors une nouvelle fois sa respiration pour maintenir son teint rose et baissa timidement les yeux vers le sol, c'est alors qu'avant même que Mill n'ait le temps d'esquisser une réponse, Agrael frappa à la porte...

*Pas moyen d'être tranquille une seconde et d'avoir une conversation dans ce bureau !*

Le Vice-amiral ne changea pas de comportement devant Assylia, même si à l'intérieur il était grandement impressionné de se retrouver devant la voix du vatican. Il avait suivi avec énormément d'attention la monté fulgurante de la jeune femme et il savait qu'elle ne devait pas être aussi naïve qu'elle voulait bien le faire croire...
Il fit un sourire à son invité quand on frappa à la porte. Un air blasé passa fugacement sur son visage. Puis, il se retourna vers le sas et dit d'une voix forte mais charmante.

_ L'Amiral n'est pas ici! Vous devriez aller voir du côté du restaurant!

Puis, il revint à Assylia, un doux sourire aux lèvres.

_ Je pense mademoiselle que nous devrions poursuivre notre discution dans un des salon privé de ce vaisseau. Nous serons ainsi plus au calme...

Il invita le porte parole à le suivre, tout en disant d'une voix charmante:

_ Il est préférable que vous vous adriessez directement à moi. L'Amiral est bien trop demandé pour convenablement vous recevoir et vous satisfaire. En ce qui concerne l'avancée de l'embarquement, il est terminé à présent. Nous sommes au plus grand complet...

Assylia se leva avec élégance pour suivre Karl, répondant timidement à son sourire, telle une étudiante impressionnée par son professeur.

"Je me réjouis d'avance d'avoir affaire à vous vice-amiral Mill... Espérant toutefois que vous ne me tiendrez pas rigueur de ma méconnaissance des usages militaires..."

Elle pénétra dans le salon privé et s'installa sur l'un des canapés.